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My Wabi Sabi

28 juin 2010

Partez pas !!!

Ce blog s'est terminé en novembre 2009.
J'ai remarqué que j'avais eu depuis pas mal de visite (wiiiii étonnant, non ?) mais aucun commentaire, alors que ça me ferait plaisir, à moi, de papoter autour d'un sujet aussi intéressant que le Wabi Sabi....

Depuis, je suis passée à autre chose (quand-même). D'ailleurs, n'importe qui pourra le vérifier en allant sur :

http://wrikywriky.canalblog.com

Oualà.

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Babaille tout le monde !

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17 novembre 2009

Les Gouttes de Dieu pour un instant "WS"

Plus je lis le manga "Les Gouttes de Dieu", et plus je trouve que les protagonistes ont l'art de nous faire appréhender le vin à la manière poétique, subtile, intuitive du Wabi Sabi.

Jetez-vous sur ce mangavino comme sur une bonne bouteille de Gevray Chambertin. (moins cher, quoique si on compte acheter tous les tommes...)

                  

En fait, c'est la réflexion que l'on peut se faire en lisant de nombreux mangas de qualité, y compris des shonen ou shojo, car l'esprit est si... japonais !

16 novembre 2009

Voilà, c'est fini

Mission accomplie mon commandant,

J'ai parlé en public pour la première fois...

Bien qu'il faille que je m'améliore, sur beaucoup de points, bien que ce jour-là il y avait beaucoup de pluie, peu de public (mais de qualité), bien qu'il y ait eu une brillante performance d'ikébana juste avant, et enfin bien que des problèmes techniques aient failli tout compromettre, j'ai fait ma conférence, contre vents et marées, servi des makis, gardé le sourire, en voici des photos.

Prête pour la prochaine...!

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5 novembre 2009

Conclusion -9-

Wabi Sabi nous remet à notre place de simple humain.


Tout objet wabi sabi est dans l'évolution constante. Il subit les effets du temps, les inéluctables vieillesse et dégradation.

Etre wabi sabi, c'est accepter cette évolution avec une sérénité qui confine à la joie : joie qui voit dans les signes du temps le fait que quoi qu'on fasse, on est façonné malgré nous.

Joie du temps passé qui ne se reproduira plus (culte de la mélancolie),


Joie de vivre le présent en se soumettant avec humilité à la décrépitude, le vieillissement, l'érosion,


Joie de savoir laisser de côté les turpitudes du passé et du futur : pas de regrets ni de projets, l'instant Wabi Sabi s'arrête à la contemplation du moment.


Le Wabi Sabi continue à exister et sera là après nous.

C'est la tentative d'approcher l'harmonie et la sérénité à travers l'émotion procurée par l'empreinte, physique et temporelle, de la nature et l'humble beauté qui en résulte.

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30 octobre 2009

Exemples pour comprendre le Wabi Sabi de manière intuitive-4-

-1- Imaginez que vous vous promenez au marché.

Il fait beau,( ou pas,) mais en tout cas, vous êtes bien.

Vous plaisantez avec des amis ;

un commerçant vous offre un morceau de bon fromage de montagne affiné, avec un peu de confiture de cerises noires tartiné dessus.

Cela tombe bien, vous aviez justement un petit creux. Le fromage est délicieux, vous partagez ce moment avec des gens agréables, la journée est belle.

Vous savez au fond de vous que cet état de grâce ne se réitèrera jamais, vous ne prendrez jamais plus un tel plaisir car c'est la fugacité de ce moment et son souvenir qui, dans leur simplicité et leur originalité, vous ont rendu heureux.

Le marché n'aura jamais la même lumière, le fromage n'aura jamais le même goût. Cet Instant T, ça va être notre Instant "WS" !

-2- Le manga de Shigeru Mizuki, Non Non Bâ, aux éditions Cornelius, est une sorte d'autobiographie un peu fantastique de l'auteur. A un certain moment, le jeune garçon Shigeru perd sa meilleure amie de la tuberculose. Pour le consoler, son père lui dit : "tu as du chagrin, cultive-le c'est un trésor".

Il s'agit là de la célébration du souvenir, cultiver une douce nostalgie pour garder quelque chose de précieux, passé, qui continue à vivre par le souvenir, la mélancolie qui en résulte et qui se transforme en sérénité, en quiétude.

Après ces définition et exemple, abordons la dimension artistique du Wabi Sabi à travers la description de trois arts japonais :

-la cérémonie du thé ou "tcha-dô",

-le jardin de thé ou "roji",

- et la poésie japonaise des haïkus...

Rendez-vous aux rubriques (billets ? posts ?) 5-6-7

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8 octobre 2009

Les Haïkus -7-

Dans la société japonaise, le Wabi Sabi a été élevé au rang d'art sous plusieurs formes :

  • Dans la technique du raku pour la céramique,
  • l'art des fleurs pour l'ikébana,
  • la cérémonie du thé,
  • et la poésie.

Le Haïku est une forme de poésie très particulière.

C'est un court poème destiné à capter l'instant Wabi Sabi : le caractère unique d'un instant est raconté en trois vers; Le premier et le troisième sont pentasyllabiques, le deuxième heptasyllabique (soit 5-7-5, 17 syllbes).

  • il a donc 3 vers en 5-7-5,
  • est toujours en rapport avec les saisons et la nature,
  • l'auteur n'y est pas présent,
  • il est écrit au présent,
  • ce sont des impressions qui y sont retranscrites, de manière à offrir une nouvelle vision de l'instant, dans toute sa singularité.

Par exemple, pour décrire un moment privilégié (la lune qui apparaît lentement par une belle nuit d'été, se glissant au-dessus du toit d'en face), et surtout le sentiment de quiétude qui va de pair, l'auteur versifie selon les règles et cela donne :

Belle nuit d'été,
Des toits s'élève la lune
Et naît la quiétude

(source : Wabi Sabi, trouver le bonheur au-delà de l'imperfection,C. A. Weidner, 2002, le courrier du livre)

J'espère qu'avec cet éclairage la signification des haïkus ne sera plus aussi hermétique.

Nous allons le vérifier en empruntant leurs haïkus à de grands poètes :

Courte nuit d'été,
Une goutte de rosée
Sur le dos d'une chenille

Buson


Les herbes mortes sont si calmes,
Quand le givre murmure encore
Dans les bambous nains

Mabushi


Tout a brûlé,
Heureusement les fleurs
Avaient achevé de fleurir

Hokushi


J'ai reçu un pétale de cerisier sur ma paume,
Ouvrant le poing,
Je n'y trouve rien

Kyoshi


(noter que l'émotion partagée l'emporte sur l'exactitude du compte de pieds : il arrive que la règle des 7-5-7ne soit pas suivie à la lettre). Ce n'est pas grave car il faut se souvenir que notre manière d'appréhender prime : l'intuitif, l'émotionnel, la qualité de l'instant a le dessus sur la rigueur. (Pour une fois ! Si ç'avait été comme ça à l'école, j'en connais beaucoup qui auraient été premiers)

18 septembre 2009

jardin de thé -6-

Le "roji", jardin du thé, est le jardin que l'on doit traverser lorsqu'on se rend à la maison de thé qui est située à l'écart de la maison :

Roji signifie "route", mais quand il s'agit du jardin du thé, on remplace le premier idéogramme (route) par un autre, qui signifie "rose" : cela se lit de la même manière, mas avec une nuance subtile : au Japon, sous influence boudhiste, la rose signifie la fugacité des choses et de la vie humaine avec quelque chose de la mélancolie wabi dont est imprégnée la cérémonie du thé.

Les jardins japonais ont été les premiers jardins "fonctionnels", même s'ils servent de modèle aux jardins privés de maintenant.

Leur principale fonction est de servir de cadre à la représentation de la cérémonie du thé.

Selon Sen No Rikyu, le paysage devait représenter une forêt profonde dans les montagnes et on devait y sentir la proximité d'un sanctuaire isolé : la maison de thé en effet est une imitation des "soan", ces ermitages cachés dans les montagnes. Cela contribuait d'autant plus à renforcer le changement inouï auquel se conformaient les participants à la cérémonie du thé, habitués qu'ils étaient à une richesse et un luxe ostentatoires.

bassin_purifications

Vasque à ablutions, fréquente dans les jardins de thé, pour se purifier avant la cérémonie

.

Revenons au jardin :

-Tous les arbres ont la même grandeur, on ne les taille pas pour leur donner des formes artificielle.

-L'artiste doit dissimuler son art : tout doit suggérer une nature à l'état brut. Les pierres, les plantes, doivent se fondre dans l'harmonie générale.

-Tout jardin de thé comporte deux parties : la partie intérieure et la partie extérieure. Il faut un contraste : la partie extérieure est baignée de soleil et la partie intérieure est dans une ombre douce.

-Le jardin s'organise de part et d'autre de l'allée centrale pavée de pierres. chaque artiste selon l'époque assemble les pierres selon l'allure qu'il veur donner aux visiteurs : Rikyu voulait que le sentier serpente comme un chemin de montagne alors que le maître de thé Oribe Furuta le voulait bien rectiligne. Ainsi les tobiishi (les pierres volantes) étaient installées en dépassant le niveau du sol et étaient coupées par intervalles à la mesure des pas.

Dans ce jardin, il faut que tout (marche, contemplation...) soit fait aisément, naturellement, sans demander d'efforts. Comme si on évoluait en harmonie avec la nature.

lanterne_pierre_temple

lanterne de jardin, fréquentes dans les jardins de thé.

La manifestation première du wabi dans ce jardin, c'est la mousse : Sen No Rikyu ne concevait pas de jardin de thé sans une mousse épaisse, bien nette, chauffée au soleil. : elle renforce le climat poétique (que l'on verra dans l'art du haïku) et bascule le monde réel dans la rêverie, la mélancolie.

Les jardins de thé recèlent aussi des espaces nus, soigneusement recouverts de sable : repos des yeux, la conception japonaise de la beauté n'est pas dans la profusion de fleurs mais dans l'intimité que l'on peut avoir avec le lieu.

Enfin, la réalité la plus prosaïque peut revêtir au Japon des signes esthétiques : le "sunasechin" est un endroit à l'écart réservé à des usages purement hygiéniques. Signification : "endroit écarté où l'on trouve du sable et de la neige" : Cet endroit, très important pour la nature, l'est d'autant plus symboliquement : c'est le lieu de la transformation continuelle des choses et de l'insertion de la vie humaine dans la vie de la nature.

Après avoir passé deux heures de cérémonie, le jardin est traversé en sens inverse : ce jardin se pare à chaque saison d'un visage différent, l'observateur y goûte un bonheur toujours renouvelé, surtout quand la pluie ou la neige lui donnent un charme prenant.

Le jardin de thé est un asile de paix. Il y en a dans toutes les mégapoles nippones et comme ils font partie de la conscience collective, ils continueront à vivre longtemps.

18 septembre 2009

modernisation du Japon, japonisation de l'occident -7-

Wabi Sabi et modernisation du Japon :

On peut tout à fait être perplexe à l’issue de cet aspect abordé du Japon, surtout lorsque l’on y met en regard l’extraordinaire modernisation dont on fait preuve les villes japonaises depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.


Deux réflexions à ce sujet :

- La société japonaise comporte en elle cette dichotomie propre à tous les pays asiatiques qui se sont ouverts au monde industrialisé et occidental : ce n’est pas exactement particulier au Japon, mais il y a eu en eux une grande avidité de s’occidentaliser dans leur mode de vie pour concurrencer, voire « rattraper » l’Occident


patchinko

distributeur_boissons

Patchinko dans une salle de Kochi



- Même si les jeunes Japonais du XXIème siècle sont de plus en plus étrangers à l’ensemble de leurs coutumes et traditions, de leur philosophie, de leurs arts ancestraux, on peut dire que cela fait partie du concept wabi-sabi : en effet, un mode de pensée qui prône l’impermanence de toute chose ne peut pas rester figé dans le temps, temps qui évolue en dedans et en dehors de toute chose, qui par essence nous échappe. Accepter l’inévitable.


Le Wabi Sabi n'est pas une doctrine, il ne véhicule dons pas de valeur morale comme nous, nous l'entendons. Néanmoins, il est là, dans toute la production japonaise, et pas seulement les arts traditionnels. Tant pis si j'en fais hurler certains, mais les ex-fans du Club Dorothée se reconnaîtront et comprendront peut-être ce que j'essaie de formuler ci-après :


Les Mangas importés du Japon (donc, là, on parle des dessins animés, les "anime"), ont été une source d'importation de l'esprit Wabi Sabi en France. Tous les "codes", que les jeunes de l'époque se sont appropriés, viennent des philosophies nippones (et donc il y a aussi un peu de Wabi Sabi là-dedans).


Exemples :

La poétisation de l'image (envolées de fleurs de cerisiers), le culte de la nature, l'accomplissement de tâches humbles, le petit air de flûte ou le passage d'un train... Enfin, là, je parle des anime issus des premiers mangas, les Osamu Tezuka, etc. car les Mangas d'aujourd'hui n'ont plus grand chose à voir avec ces espaces d'harmonie avec le temps qui passe et la Nature.



torii_temple


Entrée (torii), forêt de Seiran

Wabi Sabi et japonisation de l'Occident :


Donc, si on considère que le contact avec l'Occident (surtout l'occupation américaine) des années 1950 a modifié le profil du Japon, on peut dire que les anime arrivés en masse depuis la fin des années 1970 et pendant les années 1980 en France ont laissé des traces sur les esprit des jeunes de cette époque (qui n'ont pas tous été traumatisés par Ken Le Survivant, non non).

Ce serait d'ailleurs intéressant de développer à quel point les anime ont abordé des thèmes qui, pour l'époque, n'étaient pas d'actualité, mais qui étaient enveloppés de Wabi Sabi et donc parlaient nature (écologie, Nausicaa), plaisirs simples, beautés humbles (Miyasaki et Princesse Mononoké, Mon Voisin Totoro). Bon, là il est urgent de reprendre le fil qui nous intéresse, stop aux digressions.


Wabi Sabi nous remet à notre place de simple humain.

Tout objet wabi sabi est dans l'évolution constante. Il subit les effets du temps, les inéluctables vieillesse et dégradation.

Etre wabi sabi, c'est accepter cette évolution avec une sérénité qui confine à la joie : joie très éloignée des crèmes antirides et du botox, joie qui voit dans les signes du temps le fait que quoi qu'on fasse, on est façonné malgré nous.

Joie du temps passé qui ne se reproduira plus (culte de la mélancolie),

Joie de vivre le présent en se soumettant avec humilité à la décrépitude, le vieillissement, l'érosion,

Joie de savoir laisser de côté les turpitudes du passé et du futur : pas de regrets ni de projets, l'instant Wabi Sabi s'arrête à la contemplation du moment.

Le Wabi Sabi continue à exister et sera là après nous.


Ce n'est pas une glorification du passé, si on croit cela c'est qu'on n'a rien compris.


C'est la tentative d'approcher l'harmonie et la sérénité à travers l'émotion procurée par l'empreinte, physique et temporelle, de la nature et l'humble beauté qui en résulte.


Cette harmonie, on la trouve aussi dans l'accomplissement de toute tâche humble, physique, voire prosaïque, qui, lorsqu'elle est accomplie avec l'esprit le plus serein, l'âme tranquille, disponible, mais tournée par la volonté d'y mettre un "supplément d'âme", prend alors une dimension contemplative qui vaut une expérience de méditation.


18 septembre 2009

Cérémonie du thé -5-

  • la cérémonie du thé ou « tchâ-dô », avec Sen no Rikyu, qui en a fait l’éloge de la simplicité en réaction avec le faste chinois ;

n.b : Sen no Rikyu (1522-1591), maître de thé japonais, à qui l'on doit un profond renouvellement de l'esthétisme de la cérémonie du thé.


- Wabi sabi et la cérémonie du thé

En provenance de Chine, les premiers théiers furent introduits au Japon vers le 6e siècle. Longtemps réservé à l'élite, le thé apprécié pour ses vertus médicinales, se répandra au 12e siècle sous l'impulsion du moine EISAI dans l'ensemble des monastères Zen. Le thé devait alors permettre aux moines de ne pas s'endormir lors des méditations. Lorsque le thé a fait son entrée dans les palais, il était alors de mise d’observer le maximum de faste pour le servir : luxe et finesse des porcelaines chinoises, luxe des vêtements, luxe du lieu et des convives richement parés…


Sen No Rikyu a un jour codifié ce qu’il a fait naître comme une cérémonie du thé :

- Invitation de convives

- Traversée d’un jardin dont la nature, à la fois humble et foisonnante, doit être fraîchement arrosée juste avant pour évoquer une pluie purificatrice : la contemplation des pierres mouillées et des fleurs perlées de gouttes préfigure la quiétude et la sérénité.

- A l’entrée, les convives se débarrassent de leurs armes (aujourd’hui, nous nous débarrasserions de nos portables et de nos montres), se lavent les mains, le visage et la bouche (suite de la purification)

- Noter que cette pièce ne fait pas partie de la maison, qu’elle fait moins de 10 m² et qu’elle est très modeste. Les convives entrent par la porte d’entrée très basse.

- Ils se retrouvent autour d’une table basse, agenouillés sur leurs talons et resteront comme ça tout au long de la cérémonie.

- Tous ces convives sont maintenant à égalité : ils ont laissé à l’entrée leurs signes distinctifs de noblesse, ont courbé la tête pour entrer, et sont côte à côte maintenant.

- Un repas frugal est servi avant le thé, pendant que le maître de thé prépare dans un bol de poterie « raku » le mélange : de la poudre de thé vert matcha amer fouettée dans l’eau bouillante avec un fouet en bambou. L'amertume est typique du wabi : tout comme tous les objets de la cérémonie doivent être simples et rustiques, le goût ne doit pas être voluptueux.

- Puis chaque convive boit une gorgée du bol après l’avoir fait tourner et le passe à son voisin après l’avoir essuyé, selon la tradition originelle.

- Les convives devisent de choses à la fois légères et profondes, d’art, de poésie, de contemplation. Uniquement de sujets universels, puisqu’ils ont laissé dehors le quotidien quel qu’il soit.

- Des sucreries sont parfois servies avec, mais c’est un ajout des cérémonies modernes, car le but du repas est d’être léger sans être roboratif : il sert uniquement à faire oublier la faim afin d’être le plus réceptif possible.

 

Sans aller trop loin dans la description de la cérémonie du thé, on peut relever qulques éléments wabi sabi qui peuvent nous éclairer sur cete forme d'ascèse.

- au mur de la maison de thé est accroché un balai : un objet simple qui éveille de nostalgiques réminiscences : balayer le jardin, aux premières lueurs de l'aube ou dans la tiédeur du crépuscule, était une tâche d'honneur pour les maîtres de thé qui y trouvaient de l'apaisement. Aujourd'hui encore on peut voir un homme, une femme, balayer avec application les allées des jardins. Il ou elle semble perdu dans la méditation, et chacun de ses gestes  accompagne l'instant : solitude, simplicité. Propreté esthétique (et non récurage aux détergeants) fait partie du concept. Pour l'illustrer, voici la petite anecdote du fils de Sen No Rikyu qui est chargé de nettoyer le jardin avant l'arrivée de quelque convive important : Le travail fini, son père vint contempler le résultat mais n'en fut pas satisfait. Il laissa à son fils le soin de chercher par lui-même pourquoi, alors que celui-ci avait parfaitement tout nettoyé, le travail n'était pas achevé. Le fils fit alors tomber quleques feuilles d'érable sur le sol ratissé, et ces taches de couleur pourpre achevèrent le travail.

En 1906, Okakura Kakuzo écrit dans son Livre du Thé : le théisme est un culte basé sur l'adoration du beau parmi les vulgarités de l'existence quotidienne. Il inspire à ses fidèles la pureté et l'harmonie, le mystère de la charité mutuelle, le sens du romantisme de l'ordre social. La cérémonie du thé, qui traduit l'essentiel de la philosophie japonaise, associe 4 principes :

  • l'harmonie (avec les gens et la nature)
  • le respect (des autres)
  • la pureté (du coeur et de l'esprit)
  • et la tranquillité

Selon Kakuzo, le rituel du thé est un art de vivre. La cérémonie, qui peut durer jusqu'à 4 heures, se déroule soit à la maison, soit dans une pièce à part réservée à cet usage, soit dans une maison de thé.

(sources : Le thé, livre du connaisseur, de Jane Pettigrew, 1997, éd. Soline)

 

4 septembre 2009

Wabi Sabi et l'art occidental -8-

Après avoir vu ces quelques exemples de manifestation du Wabi Sabi dans l'art japonais, peut-être cela évoque-t-il pour vous d'autres terrains artistiques occidentaux.

Quant à moi, cela m'évoque le Land Art, ce mouvement artistique qui utilise la Nature comme terrain d'expression, associant la main de l'artiste au paysage et créant ainsi une sorte de "partenariat" où l'empreinte de l'artiste est soumise aux modifications temporelles et aléatoires des lois naturelles.

Deux artistes, américains, du XXe siècle, pour étayer mon propos : Walter de Maria, qui photographie des "champs d'éclairs", étendues bardées de paratonnerres dans une région des Etats-Unis connue pour son climat orageux :

lightningfieldpopsci-lg.jpg

et Andy Goldsworthy qui utilise les paysages grandeur nature comme terrain d'expression à son art éphémère, seulement conservé en photographie aussi :


galerie-lelong-andy-goldsworthy.jpg

Je pense aussi à cet architecte du début du XXe siècle, Frank Lloyd Wright, et à ses maisons individuelles intégrées à la nature : maison sur la cascade :

Cet architecte s'est nourri de ses voyages au Japon pour expérimenter son architecture "organiste", qui intègre des éléments naturels comme une chute d'eau, un arbre... dans ses maisons.


Enfin, je pense au Romantisme Français, qui s'est épanoui fin XVIIIe et XIXe siècles. En littérature surtout, où de grands amoureux du retour au Gothique comme Hugo, Chateaubriand, ont célébré la nostalgie et la passion, où Stendhal et ses voyages en Italie a expérimenté la recherche d'un Age d'Or perdu, où rêveries et vestiges ont nourri les poètes.

Pour l'art, je terminerai avec la photographie, un des meilleurs témoins actuels, et directement perceptible.

Avec Richard Powell et son site "Still in the stream" (voir le lien), il m'a gentiment permis de vous montrer ces "Wabi Sabi photos" (lesquelles ne sont malheureusement pas en diaporama !).

A mettre en regard avec le tableau de Stéphane Barbery, qui, ayant lu les ouvrages de l'artiste Leonard Koren, a fait une synthèse des caractéristiques Wabi Sabi et les a reproduites dans ce tableau. Attention, ce tableau de correspondances est à prendre comme une béquille, mais il est très "manichéen", le Wabi Sabi est plus subtil, il s'immisce même dans le manufacturé, l'industrialisé...

C’est l’extraordinaire tableau des différences conçu par Leonard Koren qui permet de délinéer wabi-sabi pour l’occidental :

MODERNISME

WABI-SABI

Sphère d’expression privilégiée

Publique

Privée

Point de vue

Logique, rationnel

Intuitif

Degré

Absolu, binaire

Relatif, analogique

Recherche de solutions

Universelles, archétypales

Personnelles, idiosyncratique

Production

De masse, modulaire

Unitaire, variable

Progrès

Exprime sa foi dans le progrès

Il n’y a pas de progrès

Orientation temporelle

Futur

Présent

Rapport à la nature

Croit dans le contrôle de la nature

Croit dans l’incontrôlabilité fondamentale de la nature

Romantisme

De la technologie

De la nature

Adaptation des hommes

Aux machines

A la nature

Organisation des formes

Géométrique : effilé, précis, contours et arêtes définis

Organique : doux, contours et arêtes vagues

Métaphore

La boîte : rectilinéaire, précise, contenue

Le bol : forme libre, ouverte au sommet

Matériaux

Artificiels

Naturels

Ostensiblement

Lisse

Brut

Maintenance

Nécessite d’être bien maintenu

S’accommode de la dégradation et de l’attrition

Expression plus riche

Par la pureté

Par la corrosion et la contamination

Information sensorielle

Sollicite sa réduction

Sollicite son expansion

Rapport à l’ambiguïté et la contradiction

Intolérance

A l’aise

Température

Fraîcheur

Chaleur

Luminosité

Généralement lumineux et éclairé

Généralement sombre et obscur

Fonctionnalité et utilité

Valeurs principales

Valeurs secondaires

Matérialité

La matérialité parfaite est un idéal

L’immatérialité parfaite est un idéal

Inscription temporelle

Perpétuel

Il y a une saison pour chaque chose

Reproduit avec l'aimable autorisation de Stéphane Barbery, qui m'a autorisé à l'utiliser lors de la conférence.



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